Tout d’abord, qu’est-ce qu’une bulle de filtre ?

Il s’agit d’une récente expression désignant nos habitudes de navigation sur internet. Mis en place par l’activiste Eli Pariser en 2010, le concept de « bulle de filtre » définit la tendance des médias à favoriser la création d’environnements virtuels où les utilisateurs ne consomment que du contenu en accord avec leurs idées politiques et sociales. En effet, les algorithmes des réseaux trient et hiérarchisent l’information, nous enfermant dans des bulles de filtre qui nous empêchent de voir des opinions diversifiées.

Le phénomène est particulièrement senti sur les grandes plateformes sociales. On sait que sur YouTube, Facebook, Twitter, Instagram et TikTok, l’information qui nous arrive est sélectionnée et hiérarchisée par des programmes informatiques qui nous donnent à voir ce qui est censé nous intéresser le plus, en fonction des contenus que nous partageons le plus, validons à partir de « likes », ou sur lesquels nous cliquons.


En quoi les bulles de filtre nous nuisent-t-elles ?

Dernièrement, une étude menée par un universitaire de l’Institut Reuters (Oxford, Angleterre) a tout d’abord révélé que la télévision reste la principale source d’information, surtout chez les adultes. Parmi les utilisateurs d’Internet, un bon tiers va directement voir les sites des journaux, ce qui fait que seule une minorité d’individus se renseigne via les réseaux sociaux et se trouve susceptible de subir la bulle de filtre.
Cette même étude a montré que les gens qui s’informent principalement par les réseaux ont tendance à être exposés à plus grande diversité de sources que ceux qui s’informent ailleurs. Les lecteurs de journaux n’en achètent généralement qu’un, qu’ils ont choisi parce qu’il leur convient. Tout cela remet ainsi en question l’idée que les réseaux sociaux nous enfermeraient plus dans que d’autres manières de nous informer.

En effet, on peut se demander si être exposés à des avis extérieurs parfois contraires aux nôtres nous pousse à la réflexion et à la remise en question. Une autre étude menée sur les utilisateurs de Twitter (source non retrouvée) visait à exposer des républicains à des informations provenant de la sphère démocrate, et inversement. Les résultats ont montré plus ou moins rapidement, tout utilisateur revenait à sa position initiale.

Il est clair que les « bulles de filtre » ne permettent pas la perspective et ne favorisent pas un débat propre. En effet, les bulles font que les individus obtiennent uniquement les informations qu’ils désirent entendre, ce qui fait que pour nombre de sujets chaque individu renseigné peut penser avoir acquis l’entièreté de l’information, alors que même ses recherches sur le navigateur Google se trouvent être biaisées afin de ne pas déplaire aux opinions auxquelles il adhère déjà. Ainsi, dans une controverse, il arrive que chaque camp se trouve conforté dans son opinion parce qu’il ne voit que ce qui va dans son sens.

Les bulles proviennent-t-elles d’Internet et des réseaux sociaux ?

Un des phénomènes qui caractérise Internet et les réseaux sociaux est la polarisation du champ d’opinion politique et sociétale, ayant des causes beaucoup plus diverses que celles liées à la technologie seulement. Comme brièvement suggéré précédemment, une bulle peut déjà être créée en fonction du journal qu’un individu choisit de suivre. Si Internet et les réseaux sociaux venaient à disparaître ou à simplement changer la manière dont se distribue l’information aujourd’hui, des motifs similaires aux bulles seraient toujours présentes dans la société.

En quoi les bulles fragilisent-t-elles les fondements du lien social ?

Le lien social, soit l’ensemble des appartenances, affiliations et relations qui unissent les gens ou groupes sociaux se trouve fragilisé par les bulles nous offrent l’illusion d’une « terre promise », c’est-à-dire en nous montrant ce que l’on désire voire plutôt que de nous proposer une variété plus étendue des perspectives, comportant des plans fastidieux et jusque-là invisibles.
Toutefois, nous avons pu voir que même en proposant des sphères d’opinion indépendamment des préférences, les individus ont tendance à fréquenter et à suivre des personnes ou journaux avec lesquels ils partagent des valeurs et des idéologies.
Nous pouvons en déduire que les bulles de filtre présentes sur Internet et les réseaux sociaux fragilisent les fondements du lien social en favorisant la dérision, la désinformation et la division (création de camps d’idée) plutôt que la diffusion d’une information propre et objective et la discussion. Bien sûr, les réseaux sociaux ne sont pas davantage à blâmer que les autres méthodes de recherche d’information.